lundi 9 mai 2011

Le chien des Oudayas


Voici le texte d'un livre pour enfants qui n'a pas été retenu par mon éditrice habituelle. Son titre : Le chien des Oudayas.
Je le publie ici, en espérant qu'un éditeur croisera un jour cette page et lui trouvera suffisamment de qualités pour le publier.
Tout le monde connaît la légende du Chat des Oudayas (que je reprends dans le texte. Pour ceux qui ne connaissent pas...). Le livre permet au jeune lecteur de découvrir ce fantastique site de Rabat. La fin fait penser au Roman de Renart. C'est sans doute le mélange BD-livre jeunesse classique et le contenu un peu morbide des dernières pages qui font qu'il n'a pas été retenu. A vous de juger !
Ce texte a été déposé au SACD.


LE CHIEN DES OUDAYAS.

Page 1 (recto):
Texte : Le luxueux hôtel dominait l’oued Bouregreg. Dans le hall, un Européen revenait d’une longue promenade avec son chien dans la médina rabatie proche. Il se dirigea vers le bar pour prendre place à une table donnant sur les remparts de Salé. Il commanda un rafraichissement.
Le chien aussi avait soif, mais ne réussissait pas à le faire comprendre à son maitre fatigué.

Page 2 (verso) :
Texte : L’animal  profita d’un moment d’inattention de son propriétaire pour s’éloigner. A la sortie de l’hôtel, il descendit vers les quais et vint boire dans l’oued. Ne retrouvant pas son chemin, il se laissa emporter par le flot de promeneurs jusqu’à la Kasbah des Oudayas.

Page 3 (recto) :
Texte : Il visita tout d’abord le jardin des Andalous. Il trouva l’endroit joli et calme mais fut gêné par la présence de nombreux chats. Il avait horreur de ces animaux. En général, à son passage, après le feulement d’usage, ils détalaient pour se réfugier en hauteur. Il y en avait de toutes les couleurs, certains étaient bien gras, d’autres horriblement maigres, la plupart était de races indéfinies.

Page 4 (verso) :
Texte : Puis ce fût le café maure. Très belle vue, un endroit où les humains semblaient se sentir bien, pensa-t-il. Il regretta  de nouveau l’omniprésence d’innombrables matous. Il se fit la remarque que durant sa ballade du matin avec son maitre, il n’avait vu aucun chien et beaucoup de chats. Drôle de pays, pensa-t-il.

Page 5 (recto) :
Texte : Le chien remonta ensuite le rue Bazou. Il sentait bien que sa visite ne passait pas inaperçue auprès des chats présents en nombre sur les terrasses le surplombant. Des miaulements le précédaient. La nouvelle de sa présence  se répandait comme une trainée de poudre dans toute la kasbah. Ils allaient voir, ces maudites boules de poils, de quel bois il se chauffait s’ils osaient l’attaquer, même à plusieurs, pensa-t-il.

Page 6 (verso) :
Texte : Il déboucha bientôt sur la rue principale et suivit un groupe de touristes. Il lui semblait avoir vu l’un d’eux à l’hôtel. Il suffisait donc de le suivre pour rejoindre son maître. Des odeurs de kefta grillée lui rappelèrent qu’il n’avait rien mangé depuis ce matin.

Page 7 (recto) :
Texte : Sous un signe de leur guide, le groupe s’arrêta devant un zellige en hauteur représentant un chat jaune sur fond bleu. Le chien fit de même. Le jeune Marocain commença son explication. 

Page 8 (Verso ) : Deux illustrations, dans le style illustration de conte du moyen âge (miniature), illustrant la légende.
Texte :
« A cette époque, la kasbah des Oudayas était assiégée depuis des mois. Toute la population avait le ventre vide et se contentait de l’eau de rares pluies. Une famille possédait un chat. Elle le cachait pour éviter qu’on ne le mange en tagine. Malgré la faim,  la famille épargna le chat. »
« A la fin du siège, pour les remercier, le chat leur indiqua l’endroit d’un trésor puis disparut. La famille devint riche et fit installer à l’entrée de sa maison un portrait en zelliges de l’animal. La demeure fut nommée Dar Baraka, la maison de la chance. »

Page 9 (Recto) Case BD. Descriptif :
En arrière du groupe, le chien regardant devant lui le carrelage s’exclama : « Mais il n’y en a que pour les chats, dans cette ville ! » Une voix venant en hauteur de derrière lui, hors cadre : « Détrompe-toi, l’ami ! »

Page 10 (Verso)  Case BD. Descriptif :
En plongée, vu de l’arrière d’un chat sur le rebord d’une terrasse. Sous lui, le chien qui le regarde, étonné. Les touristes  poursuivent leur chemin. Le chat dit : « Juste à côté de la Kasbah, existe un endroit qui est le paradis des chiens ! »

Page 11 (recto) Case BD. Descriptif :
Vu de dos, le chat poursuit son discours depuis son rebord de terrasse : « Tu ne sembles pas me croire, le klebs ! » Sous lui, sur le carrelage de la terrasse, de nombreux chats écoutant tout excités leur collègue. Certains sont au bord d’exploser de rire.

Page 12 (verso) Case BD. Descriptif :
Le chien lui répond : « En Europe, j’ai rencontré de nombreux chats, tu sais. A chaque fois, ils se sont moqués de moi ! Tu ne dois être guère différent !  Laisse-moi tranquille ! Je dois retrouver rapidement mon hôtel. Mon maitre doit s’inquiéter ! » Depuis le haut du mur, le chat lui répond : « Ecoute, l’étranger, laisse-moi te prouver ma bonne foi ! Je t’aiderai ensuite à retrouver ton maître ! »

Page 13 (recto) Case BD. Descriptif :
De profil. Le chat avance sur le rebord de terrasse, suivi par le chien dans la rue. Ils remontent  la rue principale. Le chat dit : « Suis-moi, l’ami et écoute cette histoire ! Il y a très longtemps, l’endroit où nous nous trouvons était encore sauvage. Un prince de passage dans la région poursuivait une antilope qu’il venait de toucher d’une flèche. La traque au travers d’épais fourrés était difficile. »

Page 14 (verso) Deux illustrations. Dans le style illustration de conte du moyen âge. « Alors qu’il allait rejoindre l’animal blessé, un chien efflanqué se présenta soudain devant son cheval. Il aboyait et grognait, semblant vouloir s’opposer à leur passage. » « Le cavalier contourna l’animal et poursuivit la traque. Des nombreuses traces de sang sur le sol lui indiquaient que sa proie était proche. »

Page 15 (recto) Deux illustrations. Dans le style illustration de conte du moyen âge. « Un peu plus loin, le prince surprit soudain une panthère noire qui venait d’achever l’antilope. Le cheval apeuré se cabra et projeta le cavalier au sol. » «  Alors que la panthère allait fondre sur l’humain terrorisé, le chien vint soudain s’interposer entre eux. Le combat fut titanesque et, sous les yeux ébahis du prince, le valeureux chien fit s’enfuir le fauve. »

Page 16 (verso) Case BD. Descriptif :
Vus de trois quart, sur fond de portes principales, le chat et le chien côte à côte sortent de la forteresse, sous les regards amusés des passants. Le chat termine son histoire : « Le chien a ensuite mystérieusement disparu. Pour le remercier, le prince fit ensuite apporter chaque jour à  cet endroit de la nourriture.  Mais, hélas, le chien ne revint jamais ! »

 Page 17 (recto) Case BD. Descriptif :
De profil,  le chat et le chien avancent, côte à côte. Derrière eux, Rabat s’étale. Le chat poursuit : « La tradition s’est perpétuée. De nos jours, des Rabatis viennent encore  apporter de la viande et des os sur cette colline qui se trouve juste devant nous. Il paraît que cela porte bonheur !  C’est derrière le mur, de l’autre côté de la route ! »

Page 18 (verso ) Case BD. Descriptif :
 Vu de face, le chat et le chien assis sur un mur blanc. Le chat est à gauche : « Avec le temps, pour éviter les charognards et les mauvaises odeurs, les hommes ont pris l’habitude d’enterrer cette nourriture. » Le chien humant l’air dit « Drôle d’endroit ! Effectivement, mon odorat me signale la présence de nombreux os mais plutôt vieux ! »

Page 19 (recto) Case BD. Descriptif :
 Même plan que la page précédente. Le chat dit : « Regarde là bas ! Des humains qui finissent de reboucher un trou ! Va vite et tu trouveras de la nourriture fraîche ! Ensuite, tu me décriras l’hôtel de ton maître et je t’y amènerai ! » Le chien descend vers le sol en disant : « J’y vais de ce pas ! »

Pages 20 et 21 Case BD sur les deux pages. Descriptif :
Sur fond des remparts  des Oudayas, le mur des pages précédentes sur lequel se sont postés de nombreux chats. Ils regardent au loin le chien se faire tabasser par les fossoyeurs. Au premier plan, des tombes du cimetière Al Alou. Chaque chat y va de son commentaire (Dans le ciel, une succession de bulles).
-        Oups, le méchant coup de pelle !
-        Je ne voudrais pas être à sa place, le pauvre !
-        Habituellement, on se contente de dire au toutou qu’il y a une distribution gratuite de viande au snack pour le faire déguerpir. Mais là, tu as fait fort !
-        Je lui avais bien dit que le paradis des chiens est ici ! (paroles du personnage principal) Il n'en est plus très loin !
-        En plus d’être si serviles avec les hommes, qu’ils sont naïfs, ces klebs !
-        Ca y est ! Il a réussi à s’enfuir ! Voilà de nouveau un chien que l’on ne reverra pas de si tôt aux Oudayas.
Femmes au cimetière Al Alou (Buzon) 

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