mardi 28 décembre 2010

Article sur la Caricature au Maroc d'Africultures N°79

Cela fait plus d'un an que l'article est paru en France dans le journal Africultures. Il est depuis peu présent sur leur site : http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=9052.
Je pense que l'on ne m'en voudra pas d'enfin le publier ici. Il n'a pas trop vieilli. Si j'avais à l'actualiser, je ne changerais pas grand chose à la conclusion plutôt pessimiste et j'ajouterais les multiples déboires des caricaturistes marocains durant l'année et l'arrivée d'un festival de la Caricature à Fès, organisé par l'institut français local. Autrefois, c'était un très bon festival de BD. L'édition 2010 était consacrée à la caricature et je sais de source sure que celle de 2011 le sera aussi (snif!). J'étais venu faire un tour à celle de 2010, de très grande qualité, certes, mais où la situation de la caricature au Maroc avait été peu évoquée et où on avait retiré tout ce qui portait sur Sarko d'une exposition de Kroll, le Plantu belge...

N'étant pas un grand spécialiste du sujet, je pense que l'article comporte des erreurs ou des imprécisions. Si vous repérez une, laissez un commentaire...


MAROC : À L'OMBRE DES ROISJean François Chanson
En 1989, dans une émission de la télévision française "L'heure de vérité", feu le roi Hassan II disait : "J'admets la critique mais je requiers un minimum de respect dans l'expression de cette critique (…) Je ne tolérerai jamais une presse comme Le Canard Enchaîné. La caricature chez nous est quasiment interdite par consensus national". Cette anecdote résume bien toutes les difficultés qu'éprouvaient les quelques caricaturistes pour s'exprimer librement durant les années de plomb. On pouvait penser qu'avec l'arrivée au pouvoir du roi Mohammed VI, les choses allaient s'arranger. Pourtant, la profession est actuellement en crise.
      Historiquement, la caricature au Maroc débute timidement à la fin du protectorat français. Il faut attendre la fin des années 60 pour voir des publications marocaines faire fréquemment paraître des caricatures.
      
Les précurseurs
      Dès 1969, L'Opinion ouvre grandes ses pages à Mohammed Filali et, en 1968, El Alam avait publié les premiers dessins de Larbi Sebbane qui travaille toujours pour ce journal. Ces deux dessinateurs seront avec Hamid Bouhali les fondateurs du premier journal satirique marocain, Akhbar Souk, publication qui fit éclore de nombreux talents locaux de 1975 à 1981. Le journal, en arabe dialectal, une première, eut des tirages allant jusqu'à 180 000 exemplaires. D'autres journaux satiriques suivront, comme Akhbar Dounia, Joha ou plus récemment au début des années 2000 Taqchab. Tous vont bénéficier d'un certain succès avec des caricatures sociales et politiques très noires avant de subir les foudres des autorités.
      L'exemple le plus marquant de censure de caricatures est celui du journalLamalif. Ce mensuel militant de gauche empruntait régulièrement les œuvres de dessinateurs étrangers comme Wolinski, Cardon ou encore Gourmelin, notamment pour illustrer ses couvertures. À propos de ces dessins, Zakya Daoud, fondatrice deLamalif, rapporte à l'Arab Press Network cette anecdote d'une saisie d'un numéro paru au lendemain des émeutes de Casablanca en 1981 : "Ce n'était pas l'article qu'on nous reprochait mais le dessin de couverture. On a souvent été embêtés à cause de nos dessins".
      Pour l'anecdote, M. Filali est devenu un patron de presse assez controversé, rencontrant un certain succès avec un traitement assez trash des faits divers. Ses détracteurs parlent de presse de caniveau.
      


Une liberté sous contrôle
      Avec l'arrivée du nouveau roi en 1999, les caricaturistes jouissent d'une plus grande liberté mais une forme pernicieuse de censure se développe aussi. Les limites à ne pas dépasser ne sont pas clairement connues. Ce qui est accepté un jour, ne le sera plus par la suite, sans raison apparente. Depuis peu, un particulier ou une association peut porter plainte contre un journal, en demandant une amende si énorme qu'elle peut faire disparaître la publication. L'autocensure a donc lieu à tous les niveaux : dessinateur, éditeur… Il faut suggérer plutôt que montrer.
      De nos jours, chaque journal d'informations laisse une place plus ou moins grande aux caricatures. Des journaux de caricatures ont fait leur réapparition. Actuellement, le plus lu est Le Canard libéré de Casablanca.
      Les champs d'investigations des caricaturistes sont multiples mais connaissent toujours de nombreux tabous, comme la monarchie, l'Islam et le sexe. Rappelons que l'Islam est au Maroc une religion d'Etat et que le Roi, faisant partie de la dynastie alaouite descendant du prophète Mahommet, a le titre de Commandeur des croyants. L'usage veut que Mohammed VI soit représenté (ce qui est rare) par une main dépassant du cadre.
      L'affaire du journal Demain d'Ali Lmrabet, en 2003, est significative. Le journal a été interdit pour des dessins de Khalid Gueddar où le Roi n'était que suggéré. Interdit d'exercer le journalisme au Maroc, Lmrabet travaille désormais en Espagne. Khalid Gueddar, lui, est maintenant en France où il publie une BD humoristique et irrévérencieuse sur le Roi sur le site Bakchich.com. Les planches ont fait un certain bruit au Maroc et la famille de Gueddar, restée au royaume, a été interrogée par la police. Autre exemple, le journal français Le Monde a présenté sa Majesté sur un dessin de première page du dessinateur Pancho, à l'occasion de la visite du président Sarkozy au Maroc. Le numéro en question ne fut pas distribué dans le Royaume.
      Si le Roi est totalement épargné, on ne peut pas en dire de même pour le gouvernement marocain dont les membres sont régulièrement croqués par les dessinateurs.
      Autre journal français ayant subi les foudres de la censure marocaine pour des caricatures : France soir avec l'affaire des caricatures danoises. Cet épisode a beaucoup choqué les Marocains, le Coran interdisant la représentation du Prophète. Des appels au boycott des produits danois ont été lancés mais ils ont été peu suivis. Pour l'anecdote, juste après cette affaire, en "représailles", l'Iran (Iran cartoon) a lancé un concours de dessins sur la Shoah. C'est un marocain qui a gagné le concours doté d'un prix de 12.000 dollars : Abdallah Derkaoui. Son dessin représente une grue flanquée d'une étoile de David, édifiant le mur séparant Israéliens et Palestiniens, où l'on voit l'entrée du camp d'Auschwitz…
      Israël, la cause palestinienne ou les États-Unis sont aussi des sujets souvent traités par les caricaturistes. Même pour ces thèmes "fédérateurs", les dessins sont assez édulcorés et n'atteignent pas le degré d'impertinence et de cruauté que l'on peut trouver par exemple chez le voisin algérien.
      


Une professionnalisation nécessaire
      Une des caractéristiques de la caricature au Maroc est la quasi-absence de professionnels. Les rares à être reconnus en tant que tel dessinent dans divers journaux sous des noms différents. Les autres survivent en travaillant à côté. Il faut savoir que, jusqu'à il y a peu, un caricaturiste au Maroc n'avait pas de carte de journaliste, source de nombreux avantages. La profession n'a toujours pas réussi à former une association pouvant défendre correctement ses droits. Le grand prix de presse, inclut tous les genres de la presse écrite y compris la photographie mais le dessin de presse et la caricature, en sont exclus. De l'aveu même de certains dessinateurs, on est souvent proche de l'amateurisme et le contenu des dessins est souvent dicté par le directeur de la publication. Ce contexte est peu favorable au développement de la caricature au Maroc, qui doit se professionnaliser et gagner en maturité pour avoir une chance d'être reconnue… et soutenue.
      PS : Dernier événement en date montrant les difficultés d'exercer le métier de caricaturiste au Maroc : le 28 septembre 2009, le siège du quotidien Akhbar Al Youma été arbitrairement fermé, sans aucune décision de justice, pour une caricature de Khalid Gueddar sur le mariage récent du prince Moulay Ismaïl. Dans son communiqué, le ministère de l'Intérieur parle d'une atteinte au respect dû à un membre de la famille royale et d'outrage à l'emblème du royaume pour un dessin plutôt banal. De nombreuses autres affaires récentes, comme l'interdiction de numéros de Tel quel, de Nichane et du Monde publiant les résultats d'un sondage sur le bilan des dix ans du règne du Roi, montre qu'un palier a été franchi dans la confrontation actuelle entre la presse indépendante et l'Etat.
Jean François Chanson

vendredi 24 décembre 2010

Contrat pour Les Tueurs à El Jadida et à Safi. Petit jeu de Noël.

Après Rabat, Kénitra et Fès, le spectacle des tueurs sera éxecuté le vendredi 14 janvier à El jadida et le samedi 15 janvier à Safi.
Pour plus d'infos, voir le site : www.lestueurs.com

Petit jeu de Noel :
Ami lecteur, ci dessus le logo des Tueurs que j'ai réalisé au début de l'aventure à partir de lettres extraites de titres de journaux et de films (affiche), bien en phase avec l'oeuvre de Nicolas.
Sauras-tu les retrouver ?
Vos réponses en commentaires avec votre mail. Mon dernier album dédicacé au premier qui saura reconnaître l'origine des 8 lettres (ou groupe de lettres).

Bonnes fêtes à tous.

mercredi 22 décembre 2010

Article sur Visions d'Afrique extrait du site BD zoom

"L’HARMATTAN BD" : ENFIN UNE COLLECTION DÉDIÉE À LA BANDE DESSINÉE AFRICAINE !

lundi 20 décembre 2010, par Bdzoom

La collection « L’Harmattan BD », dirigée par notre collaborateur Christophe Cassiau-Haurie, a été lancée parallèlement au premier salon de la bande dessinée africaine qui s’est tenu du 3 au 5 décembre 2010, à la Mairie du Vème arrondissement de Paris, en partenariat avec les éditions l’Harmattan.


Le premier titre publié a été la reprise d’une bande dessinée réalisée (et publiée par Sary92) en 2007, mais jamais diffusée jusqu’à présent : « Le Retour au pays d’Alphonse Madiba dit Daudet » d’Al’Mata et Christophe Ngalle Edimo, un roman graphique humoristique à qui l’Harmattan redonne une chance. Le retour au pays d’Alphonse Madiba, ce rêveur impénitent préférant rêver sa vie plutôt que de la regarder en face, est aussi le miroir d’une certaine réalité des migrants africains : comment avouer son échec quand tout un clan, toute une famille, a placé ses espoirs sur vous ?
Le second est la traduction-adaptation d’une bande dessinée italienne datant de 2006, mais qui n’avait jamais été publiée en français, auparavant : « Ils sont partis chercher de la glace… » des Togolais Anani et Mensah Accoh. Il s’agit des amusantes aventures d’Africavi, jeune prince Ewé d’un petit village d’Afrique occidentale. Ce fils du roi Africato est fasciné par la culture européenne. Or, lors d’une période de sécheresse, une expédition est organisée en Europe afin de ramener un fameux produit aux effets refroidissants : la glace. Cette quête va le conduire à travers bien des périples. Récit d’aventures burlesques, cet album se veut le témoin du choc des cultures que fut la rencontre entre l’Occident et l’Afrique.
Quant au troisième, « Visions d’Afrique », il est totalement inédit. Hommage à deux grands textes qui ont marqué l’inconscient collectif (« Un avant-poste du progrès » de Joseph Conrad et « Terre d’ébène » d’Albert Londres) et découverte d’un jeune auteur en devenir (« Les Yeux des autres » de Umar Timol), ce volume est également l’occasion de découvrir différents talents graphiques et scénaristiques du continent africain : tels Jean-François Chanson, Yannick Deubou Sikoue, Jason Kibiswa, Christophe Ngalle Edimo, Pov Timol Umar…
Profitons-en pour signaler aussi, chez le même éditeur, les deux derniers (en 2010) ouvrages érudits (et indispensables à tout amateur) de Christophe Cassiau-Haurie :
- « Histoire de la BD congolaise » où l’auteur revient, tout au long de 295 pages remplies d’illustrations, sur l’histoire méconnue du 9ème art en République Démocratique du Congo, l’un des pays les plus florissants du continent africain en la matière puisque la BD a fait son apparition dans les journaux du pays en 1921 et n’a jamais cessé de se développer depuis (préface d’Alain Brezault).
- « Cinquante années de bande dessinée en Afrique francophone », co-écrit avec Christophe Meunier, n’est autre que le catalogue de l’exposition éponyme réalisée à l’occasion du premier salon des auteurs africains de bande dessinée. Un parcours à la fois chronologique et thématique qui permet de découvrir la bande dessinée d’Afrique, de connaître son histoire et ses difficultés et tenter d’appréhender ses futures transformations.
Gilles RATIER

lundi 13 décembre 2010

Monstre par Joe Katana

Ma carte de voeux pour 2011 ?
Voici l'oeuvre d'un nouveau collègue au lycée Descartes, Mathias Dubrana (alias Joe Katana) : Ma gueule déjà pas terrible en monstre. Il est prof d'art plastique et le vendredi où nos emplois du temps sont en damier concordant, on discute bien. D'art en général et de BD en particulier. Il en fait aussi !!!
Je suis passé dans ses cours de 5° présenter aux élèves comment j'ai réalisé en 3 mois Tajine de lapin. On échange beaucoup. Comme vous pouvez le remarquer sur son blog joe.katana.over-blog.com, on n'a pas le même style mais la même passion.

Les insolites ou se mettre en danger à Tanger.

Dimanche, moi et Nico, on était à Tanger pour refaire à la Librairie Les insolites la performance (Lecture+chansons+dessins) que nous avions déjà exécutée à l'Institut français de Rabat en octobre. Très bon accueil de toute l'équipe de la librairie. Sur la photo, devant les 4 planches réalisées durant la perf, entre nous deux, Stéphanie, la maîtresse des lieux. Sa librairie est vraiment un chouette endroit où il fait bon flâner ... Une quarantaine de personnes était présente. Pour ma part, toujours une aussi grande anxiété juste avant de se mettre au dessin sur le tableau blanc, Nicolas lui est aux anges. Un brunch, quelques dédicaces à la fin, des rencontres, une bonne ambiance. Pour ma part, j'ai revu Patrick et Amal, de sympathiques tangérois qui me suivent depuis le début. Patrick est l'auteur de la photo de ma pomme ci contre. J'ai parlé Moeb, Philip K Dick et SF avec Thiebault et Aïch.
On est ravis ...
Tanger nous a fait grosse impression. En plus des atouts touristiques que tout le monde connaît, on a découvert une ville où la culture est vivante et non pseudo élitiste ou sous perfusion comme souvent ailleurs au Maroc : Deux librairies de qualité dont Les insolites, une cinémathèque (le légendaire cinéma du Rif) avec une programmation digne d'un cinéma d'art et d'essai français, des festivals toute l'année, des restos de qualité qui cherchent à se démarquer des autres (La fabrique, un resto indien, un resto africain...). A notre prochain passage, en allant prendre le bateau pour aller faire un tour en Europe, on y fera escale, c'est sûr. On en profitera pour aller dire un petit bonjour à Stéphanie. Faites en de même !

PS : Un premier article à propos de ce "contrat" des Tueurs à Tanger sur le site lescoulissesdetanger.com

mardi 7 décembre 2010

Photos salon des auteurs de BD africains à Paris

 Avec Yannick Deubou Sikoué, mon ami et dessinateur pour une des nouvelles de La traversée et pour la nouvelle de Visions d'Afrique. Très, très content de le revoir après un an de relations épistolaires via internet. On est très fiers du résultat de notre adaptation de la nouvelle de Joseph Conrad "Un avant poste du progrès" que l'on a découvert en début de salon. On a pu parler d'autres projets communs à venir...

 Le Maroc était aussi présent au salon au travers de l'exposition sur la BD africaine. M. Nadrani et A. Mouride ont le droit à une page dans le catalogue de l'exposition disponible chez L'harmattan.
 A ma table de dédicaces. Pas mal de public, malgré le froid de canard dehors. Bonne ambiance entre les invités et les organisateurs que je remercie de nouveau. Un remerciement tout particulier à Christophe Cassiau Haurie à qui je dois beaucoup. On espère tous une nouvelle édition !
De nombreux contacts se sont établis, des débuts de projets sont nés.


A ma table, j'étais entouré de deux camerounais, Yannick et la jolie Joelle Ebongue alias Elyon's, à gauche sur la photo. J'ai appris à cette occasion que le Cameroun n'était pas seulement le pays des crevettes mais aussi celui des Joel(le) !
A droite sur la photo, le dessinateur tchadien Adjim, dont je devrais bientôt reparler dans ce blog.

Les lieux étaient magnifiques. Sous les ors de la république, avec une scénographie réussie.
La librairie adjacente a vendu en 3 jours tous les exemplaires disponibles de "Visions d'Afrique" Un bon présage, je l'espère. "La traversée" s'est aussi très bien vendu. Cédric Liano, l'un des auteurs de cet album collectif, est passé nous faire une visite.
 Avec Alain Brézault. A l'origine de l'album congolais "Na poto, Là bas ", il m'a aidé au début de l'aventure "La traversée". Je le découvrais en chair et en os à l'occasion de ce salon. Très belle rencontre.
J'ai bien discuté aussi avec Jean Philippe Stassen ci dessous. Au détour d'une conversation, il m' appris que De Gaulle avait essayé après la guerre d'annexer la wallonie !

 Cinq des auteurs sur 6 de l'album "Visions d'Afrique". Dans la gauche vers la droite : moi, Umar Timol, Christophe Ngalle Edimo, Pov et Yannick. Il manquait, hélas, Jason Biskiwa.
Je me répète sans doute, l'album est vraiment très bien. Beau boulot, les gars !
La première planche de "Un avant poste du progrès".
Je suis assez admiratif du travail de Yannick pour que les cases ressemblent à de vieilles photos sépias. L'album est disponible dans toutes les bonnes librairies en France.
Au passage, "La traversée", "Nouvelles maures" et "Tajine de lapin" en versions française darija et tifinagh sont dorénavant disponibles à la librairie de L'harmattan, 16, rue des écoles à Paris, 5°.
Yannick, à l'entrée de la mairie du 5°, où se passait le salon, devant le Panthéon, sous la neige. Pour la plupart des invités, le salon fut aussi l'occasion d'un bon choc thermique.
J'ai profité du voyage pour aller aussi dédicacer mes bouquins jeunesse au salon jeunesse de Montreuil, dans le stand des éditions Yomad. A l'occasion, j'ai pu rencontrer des éditeurs de BD que je ne connaissais pas.